Dans un contexte économique et social où plus de deux personnes sur dix sont en chômage ou sur l’aide sociale et où les nouveaux emplois créés sont souvent des emplois précaires parce qu’ils sont temporaires ou encore à temps partiel, il est normal que chaque personne revendique le droit au travail, c’est-à-dire un emploi régulier et aussi le droit de pouvoir garder son emploi.
Ainsi, dans notre société, chaque personne travaille pour gagner sa vie, mais aussi en espérant, comme individu, se développer, se faire respecter, avoir une qualité de vie et somme toute, arriver à la retraite en santé.
Tous ces objectifs sont légitimes pour chaque individu, mais dans la mesure où ces objectifs sont ceux de tous les travailleurs et de toutes les travailleuses dans un milieu, il est normal que ceux-ci se regroupent pour chercher à les atteindre.
Avant la syndicalisation : les droits de gérance
Lorsque nous travaillons dans un endroit non syndiqué, on a comme protection ou garantie, les droits prévus aux lois et la parole du patron.
Nous savons que les droits prévus aux lois sont des droits minimums, comme nous les retrouvons dans la Loi sur les normes du travail qui fixe le salaire minimum, la durée minimale des vacances, etc. La majorité des lois qui traitent des sujets reliés au travail établissent des règles ou des normes minimales. Ces droits minimums ne sont pas toujours respectés par les employeurs et, dans le cas où il n’y a pas de syndicat, le travailleur doit se défendre seul ou encore engager un avocat. Nous savons que dans la réalité plusieurs travailleurs n’osent pas dénoncer leur employeur qui ne respecte pas les lois.
Ainsi, avant la syndicalisation, l’employeur possède tous les droits de gérance, moins les obligations reconnues dans les lois.
Une entreprise, c’est une propriété. Et quand on est propriétaire, on a légalement le droit de gérer son bien comme on l’entend. C’est le droit de direction, le droit de gérance.
Un patron, peut donc faire tout ce qu’il veut de son entreprise, y compris de son personnel, sauf ce qui lui est spécifiquement interdit par la loi.
Ainsi, il a le droit absolu d’embaucher et de mettre à pied qui il veut, d’offrir des promotions à qui il veut, d’avoir des chouchous parmi son personnel, d’imposer au personnel des séances collectives de motivation au travail.
Bref, légalement, tout ce qui ne lui est pas clairement défendu est permis…Y compris les pires folies !
En conséquence, tout ce que les syndiqués veulent éviter doit être écrit noir sur blanc dans la convention collective, s’ils ont affaire à un patron malveillant.
Mais dans la réalité, qui peut mieux défendre les intérêts d’un groupe de travailleurs qu’eux-mêmes, regroupés en une association syndicale.
Sur le marché du travail, rien n’est gratuit ou magique. La relation employé/employeur est régie par les règles du jeu qui ont un sens quand les travailleurs sont syndiqués.
Se syndiquer, c’est se regrouper pour aller chercher la force d’un groupe pour obtenir une plus grande part des droits de gérance et surtout, écrire dans une convention collective les conditions de travail que nous aurons négociées.
Les syndicats ont été créés pour favoriser que les travailleurs se rassemblent, se parlent et agissent sur leurs conditions de travail et de vie.
Le principe est assez simple : lorsque les gens s’unissent, ils ont plus de chance de réussir. Ils ont plus de pouvoir en groupe que s’ils restent isolés, que ce soit dans leur milieu de travail, auprès des gouvernements ou dans leur communauté.
Mais là encore, ce n’est pas magique. Il faut que chacun d’entre nous participe à ces efforts collectifs si l’on veut en retirer quelque chose.
La solidarité du groupe est notre seule force face à l’employeur.
Solidarité = Force = Respect = Gains dans nos conventions collectives
Et pourquoi donc le syndicalisme serait-il plus actuel que jamais dans l’histoire ?
Pour au moins quatre raisons irréfutables :
- contrer certains effets nocifs de la mondialisation;
- lutter contre le travail à la pièce;
- combattre les conditions dangereuses;
- parce que seul face au patron, fut-il le meilleur du monde, les travailleurs sont vulnérables.